Le printemps, c’est la période de l’année où le règne végétal déploie toute son énergie à sortir de la torpeur de l’hiver. Les bourgeons éclosent, les fleurs sortent leur plus belle parure. Tout porte à célébrer le retour de la vie, de la chaleur. L’élément bois en médecine chinoise est lié à notre capacité à vivre en groupe. Chaque plante est unique, elle doit élaborer sa stratégie pour accéder aux différentes ressources et dans ces stratégies existe : la collaboration. Cela est montré depuis plusieurs dizaines d’années maintenant par les recherches sur les échanges de composés organiques entre les racines des arbres, notamment grâce à l’intermédiaire des mycéliums des champignons. Vivre de manière indépendante ET interdépendante, voilà qui est intéressant. C’est de cette capacité à organiser une action collective que plusieurs éléments croisés ces derniers mois m’invitent à parler dans cet article. En effet, j’ai pu visionner l’excellent reportage d’Arte sur le développement personnel ainsi qu’une interview publiée dans Slate de l’autrice de l’essai « Le Yoga, nouvel esprit du capitalisme »
Et ces recherches nous poussent à penser le yoga (et les autres techniques de développement personnel) sous un angle assez nouveau : leur affinité très forte avec le capitalisme. Pour simplifier, le développement personnel met l’individu au centre de la construction de son bonheur. Peut-être avez-vous déjà entendu ou lu ces phrases : « souris à la vie et la vie te sourira » « quand on veut on peut » etc… Elles inondent les réseaux sociaux et sont martelées à tout bout de champs (même dans certaines publicités pour… des banques !). La base philosophique qui soutient ce système est assez simple : le bonheur serait un choix, et l’individu l’unique dépositaire des ressources intérieures nécessaires à son bonheur. Sauf que… Le corolaire de ce mode de pensée est pour le moins pervers : si toutes les ressources pour parvenir au bonheur se trouvent en nous, ne pas parvenir au dit bonheur ne reflète que notre manque de volonté, d’où la nécessité de « travailler sur soi ». C’est oublier que nous n’évoluons pas dans un milieu neutre ! Notre société crée des inégalités qu’il est parfois même extrêmement difficile d’identifier ! Et le yoga, par certains courants d’enseignements, peut être lui-même vecteur d’un tel discours. Et c’est pour cela qu'il est important de prendre conscience de tout cela, afin de pouvoir proposer autre chose. Pour partager un yoga sans dogmes, mais qui vous permette d’ouvrir les yeux sur la vraie nature de la Vie. Pour vous rappeler que vous disposez de ressources insoupçonnées en vous. Que si parfois vous ne vous sentez pas capable, c’est aussi à cause de notre modèle de société qui opprime certains individus. Que si certaines solutions sont à aller chercher en dedans, d’autres sont à aller trouver « au-dehors ». Que partager est vital. J’espère que le yoga vous accompagnera sur le chemin de votre vie comme un compagnon de lucidité, sur vous-même et sur le monde. Et que nous puissions ensemble dire « merci pour les roses, merci pour les épines ».
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